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Par Nicolas GIRARD, DipEVDC, spécialiste en dentisterie
Service de dentisterie - stomatologie - ORL
 

Diagnosis and Prognosis of Canine Melanocytic Neoplasms Rebecca C. Smedley, Kimberley Sebastian  and Matti Kiupel. (Vet. Sci. 2022, 9, 175).

Le comportement biologique des tumeurs est variable suivant les espèces concernées, mais aussi suivant le territoire corporel affecté. À ce titre les tumeurs mélanocytaires présentent, chez le chien, un pronostic à long terme bien différent suivant que leur évolution soit en territoire cutané ou oral. Cet article de revue scientifique se propose d’établir les données actuelles permettant de préciser le diagnostic et le pronostic des tumeurs mélanocytaires chez le chien.

*Le diagnostic d’une tumeur mélanocytaire pigmentée est très efficace par cytologie avec une sensibilité et une spécificité de 100%. Pour une tumeur non pigmentée la sensibilité de l’examen est par contre limitée (67%-100%) ainsi que sa sensibilité (85%-100%). L’examen d’histologie est donc recommandé pour le mélanome achromique. Un des critères diagnostiques importants est la présence de cellules néoplasiques au niveau de la jonction sub épithéliale. Dans le cadre du prélèvement l’épithélium de la lésion doit donc être privilégié en étendant celui-ci un peu plus en périphérie de la lésion, notamment si celle-ci présente un aspect ulcératif. Pour les cas indécis une analyse d’immunohistochimie (IHC) de référence comprend les marqueurs Melan-A, PNL-2, tyrosine reactive proteine (TRP)-a et TRP-2. Ce cocktail d’anticorps a démontré une sensibilité de 94% et une spécificité de 100% en comparaison du diagnostic différentiel avec un sarcome des tissus mous.

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*Le pronostic des néoplasmes mélanocytaires cutanés ou buccaux canins est analysé à l’aide des paramètres du signalement, la localisation, l’examen cytologique et/ou histologique, les marges opératoires et la qualité du drainage lymphatique. Les paramètres histologiques et moléculaires sont les facteurs pronostiques les plus utiles : dans ce cadre l'indice Ki-67 est considéré comme le facteur pronostique le plus fiable.

-Plus en détail, le signalement ne doit jamais être utilisé comme facteur pronostique autonome du mélanome chez le chien, car sa spécificité est faible. Certaines races sont plus susceptibles de développer des tumeurs mélanocytaires bénignes (Doberman Pinscher et les Schnauzer nains), tandis que d'autres (Caniches nains) sont plus susceptibles de développer des formes malignes. Les chiens âgés peuvent être plus enclins à développer des mélanomes malins que les chiens plus jeunes. Une étude a démontré que l'âge influençait négativement la survie des chiens atteints de néoplasmes mélanocytaires des lèvres, des doigts et de la peau. Cependant, en raison de la probabilité plus élevée de complications périopératoires et de comorbidités chez les patients plus âgés, il est difficile d'évaluer l'indépendance de l'âge en tant que paramètre pronostique. Le sexe n'a pas été associé au résultat.

-La localisation manque de spécificité en tant que facteur pronostique unique. En général, les mélanomes de la cavité buccale, des jonctions cutanéo-muqueuses et du lit ungéal sont de plus mauvais pronostic que les néoplasmes mélanocytaires cutané. Une étude a rapporté que les néoplasmes mélanocytaires oraux avaient les durées de survie les plus courtes, les néoplasmes mélanocytaires du lit ungéal et des jonctions cutanéo-muqueuses avaient des durées de survie intermédiaires, tandis que les néoplasmes mélanocytaires cutanés avaient la plus longue médiane de survie. Le mélanome du lit ungéal tend à être malin, tandis que celui localisé à la peau de l’abdomen est plus souvent bénin. Cependant des néoplasmes mélanocytaires moins agressifs peuvent apparaître au niveau du lit ungéal, des jonctions cutanéo-muqueuses ou de la cavité buccale, ou la cavité buccale. On observe notamment dans la cavité buccale ou les jonctions cutanées un sous-ensemble histologiquement distinct de néoplasmes mélanocytaires (cavité buccale et babines) qui présente un comportement biologique moins agressif.

-Les atypies nucléaires, le nombre de mitoses, le degré de pigmentation, le niveau d'infiltration et l'invasion vasculaire sont actuellement les paramètres histologiques les plus utiles pour prédire le pronostic des néoplasmes mélanocytaires cutanés et bucco-labiaux. L'ulcération et l'épaisseur de la tumeur sont également des facteurs pronostiques utiles pour les néoplasmes mélanocytaires cutanés. Un certain nombre de critères histologiques permettent aux pathologistes de distinguer les néoplasmes mélanocytaires canins des néoplasmes mélanocytaires oraux, ainsi que les néoplasmes mélanocytaires oraux canins à faible potentiel malin des mélanomes malins oraux agressifs.

Les néoplasmes mélanocytaires oraux à faible potentiel de malignité ressemblent le plus aux naevus bleus humains. Ils se présentent sous la forme d’une masse fortement pigmentée, non ulcérée, pédiculées, dont le diamètre est généralement inférieur à 1 cm. Les cellules néoplasiques sont uniformes, rondes ou allongées, et contiennent un petit noyau rond contenant un petit nucléole unique au centre. L'anisocaryose et l'anisocytose sont limitées et le nombre de mitoses est faible. L'activité jonctionnelle est rare. En revanche, les mélanomes malins oraux canins sont généralement des mélanomes composés avec une activité jonctionnelle et une croissance verticale nodulaire profonde. Ils ressemblent beaucoup aux mélanomes cutanéo-muqueux humains du rectum ou du nasopharynx. Le degré de pigmentation est très variable.

Les mélanocytomes cutanés sont généralement des néoplasmes de petite taille, surélevés, non ulcérés, fortement pigmentés et souvent confinés au derme. L'activité jonctionnelle est moins fréquente. Les cellules néoplasiques sont bien différenciées, polygonales à spindloïdes, contiennent souvent un pigment de mélanine abondant et ont des noyaux ronds, uniformes et finement marbrés qui contiennent un nucléole proéminent. Les mitoses sont rares. Les mélanomes malins cutanés sont généralement plus grands, ulcérés, s'étendent au-delà du derme jusqu'aux tissus plus profonds, et se développent en profondeur et sont faiblement pigmentés. L'épiderme peut être atteint ou non. Les cellules néoplasiques présentent une morphologie cellulaire variable, des noyaux plus atypiques, et des mitoses plus fréquentes.

-L’emplacement d’un néoplasme mélanique sur le corps est un critère insuffisant pour y associer un comportement carcinologique. Pour autant, les mélanomes cutanés sont le plus souvent bénins alors que les mélanomes impliquant le lit ungéal, la cavité orale et toute jonction cutanéo muqueuse sont le plus souvent malin.

-Les critères associés à une diminution significative de l’espérance de vie sont distincts suivant les formes cutanées et orales du mélanome :

Forme orale et labiale /atypie nucléaire > 30% - Nombre de mitose > 4 (champs e 2,37mm² - Index Ki67 > 19,5 – Infiltration osseuse.

Forme cutanée / atypie nucléaire > 20% - Nombre de mitose > 3 (champs e 2,37mm² - Index Ki67 > 15 – Ulcération superficielle – épaisseur > 0,95cm – extension profonde au-delà du derme.

-Si les facteurs pronostiques décrits ci-dessus permettent de prédire le comportement biologique global des néoplasmes mélanocytaires, l'évaluation précise des marges chirurgicales est un élément essentiel pour déterminer la probabilité d'une récidive locale.

Une excision large de l'épithélium adjacent est essentielle pour le mélanome buccal afin d'éliminer une éventuelle propagation lentigineuse (latérale). La coupe transversale basée sur la palpation permet d'obtenir des coupes de haute qualité pour un diagnostic précis, des tests pronostiques et l'évaluation de la distance entre la tumeur et les marges latérales et profondes. L'excision chirurgicale complète est mieux déterminée par la coupe tangentielle. Dans le cas d'un cancer de la bouche, il convient d'évaluer l'invasion tumorale dans le tissu sous-jacent, par imagerie et histopathologie, le cas échéant. Pour le mélanome du lit ungeal, le doigt doit être amputé et les marges proximales de l'os et des tissus mous ainsi que les coupes longitudinales de l'os doivent être examinées.

-L'évaluation des ganglions lymphatiques locorégionaux à la recherche de métastases est un élément important du grading qui détermine la stratégie du plan de traitement. La dissémination lymphatique du mélanome est complexe. Pour exemple même si le ganglion mandibulaire est le principal site métastatique du mélanome oral chez le chien, 50 % de ces tumeurs métastasent dans d'autres ganglions, en particulier au niveau du ganglion rétropharyngé médial. Une dissémination controlatérale se produit chez 62 % des chiens atteints, tandis que les métastases ipsilatérales apparaissent chez 92 % d'entre eux.

Le bénéfice d’identifier le ganglion sentinelle de la lésion à l'aide d'un colorant radiosensible augmente la probabilité de détecter et d'éliminer d’éventuelles métastases ganglionnaires : pour autant la réalisation d'une dissection élective des ganglions du cou ne fait pas consensus. La lymphangiographie par tomodensitométrie (CT) s'est avérée insuffisante pour détecter les ganglions sentinelles, tandis que l'utilisation de la tomographie par émission de positons et de la tomodensitométrie (TEP/TDM) au 18 fluorodéoxyglucose (18 F-FDG) avec une valeur de captation standardisée (SUV) maximale de 3,3 avait une sensibilité de 100 % et une spécificité de 83 % pour la détection des métastases ganglionnaires.

La détection du mélanome métastatique par la cytologie ou l'histologie peut s'avérer difficile, mais les pathologistes peuvent utiliser certaines méthodes pour améliorer la sensibilité et la spécificité de la détection des métastases. L'aspiration à l'aiguille fine et la cytologie des ganglions lymphatiques constituent un moyen facile et peu invasif de détecter les métastases. Cependant, la sensibilité de cette méthode est faible s'il n'y a que des micrométastases, puisqu'elle peut facilement ne pas les aspirer pendant la manipulation. Le consensus entre la cytologie de routine et l'histopathologie pour la classification des ganglions lymphatiques chez les patients atteints de néoplasmes mélanocytaires est médiocre. Cependant dans une étude il semble que les formes amélanocytaires soient mieux détectées avec l'IHC pour le Melan-A sur des échantillons d'aspiration à l'aiguille fine, en particulier lorsque les cellules étaient peu nombreuses ou de morphologie ronde.

L'évaluation histologique des ganglions demeure la méthode préférée, mais à moins qu'il n'y ait des métastases manifestes, il peut être facile de manquer une zone de micrométastases lors de coupes de routine. Le premier problème est le surcoût d’une analyse millimétrique du ganglion : les laboratoires vétérinaires n'évaluent généralement que 1 à 3 sections d'un ganglion lymphatique soumis, par opposition à l'évaluation complète qui est de rigueur en médecine humaine. Des coupes spécifiques à des intervalles de 0,2 cm ont été recommandées pour l'évaluation des ganglions dans un certain nombre de néoplasmes humains et canins. Il est donc très facile de ne pas voir les micrométastases dans les sections examinées. Deuxièmement, il peut être difficile de différencier l'hémosidérine de la mélanine dans certains cas. La meilleure façon de distinguer les mélanocytes des macrophages est de réaliser une IHC pour un marqueur mélanocytaire tel que Melan-A ou PNL-2 ou de réaliser le cocktail de diagnostic mélanocytaire. Tout comme pour les mastocytes, il n'est pas toujours possible de différencier les cellules néoplasiques de celles qui ne le sont pas, mais la perturbation de l'architecture normale du ganglion lymphatique et les atypies cellulaires et nucléaires indiquent une tumeur.

Conclusion

Les néoplasmes mélanocytaires canins ont un comportement biologique variable, quelle que soit leur localisation. L'évaluation pronostique nécessite une combinaison d'évaluation microscopique ainsi que parfois la détermination immunohistochimique de l'indice Ki67. Pour les néoplasmes mélanocytaires mélanocytaires cutanés, l'épaisseur de la tumeur et l'ulcération de la lésion doivent être incluses dans cette évaluation.

Le diagnostic général des néoplasmes mélanocytaires canins est souvent réalisé à l'aide d'une aspiration à l'aiguille fine, mais l'histopathologie est nécessaire pour différencier les formes bénignes des formes malignes. La biopsie chirurgicale est très importante pour les néoplasmes mélanocytaires buccaux, car il s'agit souvent de mélanomes composés avec une large propagation intraépithéliale latérale (lentigineuse). La biopsie incision doit tenir compte de cette caractéristique et doit adresser un épithélium périphérique intact. Une excision large augmente également la précision du diagnostic en permettant au pathologiste de rechercher des zones de jonction. Le mélanome amélanotique doit être différencié des sarcomes des tissus mous. Un cocktail immunohistochimique contenant des anticorps contre Melan-A, PNL-2, TRP-1 et TRP-2 sont actuellement la référence pour identifier les néoplasmes mélanocytaires.

Comme les mélanomes malins oraux métastasent facilement dans les ganglions lymphatiques tributaires, il est nécessaire d'identifier les ganglions lymphatiques sentinelles pour mise en œuvre d’une évaluation histologique qui de manière optimale associerait des coupes sériées à 2 mm combinées à un marquage immunohistochimique (Melan-A et PNL-2).

Par Laurent COUTURIER, DipECVDI, spécialiste en imagerie médicale

Bentley et al. The ultrasonographic appearance of renal medullary striations and their associationwith renal disease and renal histopathology in domestic cats. Vet Radiol Ultrasound, 2023.

L'objet de cette étude rétrospective est de définir la prévalence et la corrélation histopathologique des striations médullaires visibles occasionnellement à l'échographie rénale chez le chat dans une population félline. 

La médulla rénale qui entoure le bassinet présente un aspect anéchogène à hypoéchogène comparée au cortex, et est divisée en lobules séparés par des lignes hyperéchogènes représentant les bords des artères / veines interlobaires ainsi que les diverticules du bassinet. Des variations dans l'apparence de la médulla externe ont aussi décrites chez le chat avec le "medullary rim sign" qui correspond à une zone hyperéchogène dans la médulla pouvant être fine (ligne bien délimitée) ou plus large (bande mal délimitée) (Cordella et al. J of Veterinary Internal Med 2020 34(5)). Cette étude montre que le signe de la "bande médullaire" était souvent présent dans la population de chats présentant une maladie rénale chronique à l'inverse du signe de la "ligne médullaire", présent à la fois dans les populations saines et malades. A l'opposé, une bande hypoéchogène a été décrite ("halo sign") dans la médulla d'animaux lors d'intoxcation à l'éthylène glycol. Les striatuions médullaires décrites dans cet article correspondent à de fines stries perpendiculaires à la jonction cortico-médullaire, qui traversent la médulla uniquement, sans traverser le cortex. Une étude histologique a pu être menée chez trois chats du groupe présentant des striations médullaires et a révélé une probable corrélation entre les stries échographiques et des lignes de fibrose à l'histologie.

Sur une période de 10 ans, 27 chats (soit une prévalence de 2.2%) ont été identifiés avec des striations médullaires à l'échographie de leurs reins. Les résultats de l'étude montrent que : 

- les chats présentant des striations médullaires* ont un RPCU souvent plus élevé que les chats n'en présentant pas** (RPCU à 0.46* versus 0.16**)

- les chats mâles étaient surreprésentés.

- Plus de la moitié des chats présentent des striations bilatérales.

- l'urine des chats présentant des striations médullaires contenait davantage de sédiments urinaires actifs mais l'uroculture n'était pas plus significativement positive dans cette population en comparaison des chats sans striations.

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Figure 1 : rein présentant des striation médullaires (flèches).

 

Les limites de cette étude sont une population faible de chats présentant des striations médullaires et le très faible nombre de cas ayant pu faire l'objet d'un examen histopathologique (3 chats).

Par Hugo LEONARDI, DipACVIM (neurology), neurologue vétérinaire.
 

J. van Renen et al., “Clinical Course and Diagnostic Findings of Biopsy Controlled Presumed Immune-Mediated Polyneuropathy in 70 European Cats,” Front. Vet. Sci., vol. 9, 2022, Accessed: Apr. 12, 2023. [Online]. Available: https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fvets.2022.875657

Les polyneuropathies chez le chat peuvent être classées en forme héréditaires ou acquises. Les formes acquises incluent des maladies métaboliques, toxiques, paranéoplasiques, infectieuses ou représentent des maladies idiopathiques. Ces dernières sont suspectées d’être de cause auto-immunes. Des syndromes de polyneuropathies avec rémissions et récidives de jeunes chats ont été décrits. Cependant les études représentaient un faible nombre de cas. L’étude de van Renen et al. a pour objectif de décrire cliniquement les syndromes de polyneuropathies inflammatoires idiopathiques du chat, confirmées histologiquement.

L’étude de van Renen et al. est une étude descriptive cross-sectional multicentrique. 70 chats ont été inclus dans l’étude. Un diagnostic histologique de polyneuropathie inflammatoire était requis pour être inclus.

L’âge moyen d’apparition des signes cliniques était de 10 mois (intervalle de 4 à 120 mois). Les races les plus représentées incluaient des British short hair (25,7%), domestic short hair (24,3%), Bengal (11,4%), Main coon (8,6%) et Persans (5,7%). La majorité (71,2%) étaient des chats d’intérieur. Le sexe mâle était surreprésenté (64,3%). 

L’apparition des signes cliniques était aiguë dans 30,9% des cas et progressive dans 69,1% des cas. La médiane d’atteinte du pic des signes cliniques était de 14 jours (intervalle de 1 à 180 jours).

Les signes cliniques incluaient le plus fréquemment une faiblesse et tétraparésie, une paraparésie, inhabilité à sauter et plus rarement paraplégie et tétraplégie. 

Les anomalies de l’examen neurologique rapproché fréquemment rencontrées incluaient des réflexes de retraits diminués, le plus souvent de façon symétrique et une ventroflexion du cou (25,7% des patients). Les anomalies de l’examen des nerfs crâniens incluaient une dysphonie, parésie ou paralysie faciale et dysphagie. Enfin de l’hyperesthésie était mise en évidence dans 12,9% des cas, soit à la palpation vertébrale soit à la palpation des membres. 

Les tests d’électromyographie (EMG) ont permis de révéler une activité spontanée anormale dans 89,6% des cas, tandis que les tests de conduction nerveuse étaient anormaux dans 81,5% des cas. Il est toutefois à noter que la sensibilité des tests EMG est meilleure après une semaine d’apparition des signes cliniques et que l’article ne précise pas la durée moyenne écoulée entre la date d’apparition des signes et la réalisation de l’EMG [1].

L’analyse du liquide céphalorachidien (LCR) était anormale dans 26,9% des cas. Enfin des recherches de maladies infectieuses (Toxoplasma gondii, feline immunodeficiency virus (FIV), feline leukemia virus (FeLV), Feline coronavirus (PIF)) sont revenues négatives, hormis des titres en anticorps sériques positifs à Toxoplasma gondii sur 5 cas sur 42 en IgG, démontrant une exposition.

Sur une médiane de suivi de 8 mois, 49,2% des cas ont atteint une rémission, 34,9% ont récidivé, le reste des cas sont restés stable ou ont progressés. La moyenne de temps entre l’apparition des signes et une récidive était de 3 mois. 29,7% des cas ont récupéré une démarche en moins de 4 semaines, 56,8% entre 1 et 4 mois, et 13,5% des cas en plus de 4 mois. 

Les animaux plus jeunes et atteints de façon subaiguë étaient statistiquement corrélés à une récupération de la démarche plus fréquente (p<0,05). 

Les traitements qui ont été mis en place incluaient des glucocorticoïdes (70% des cas), anti-inflammatoires non stéroïdiens (55,7% des cas), une supplémentation en L-carnitine (48,6% des cas) et de la physiothérapie (20% des cas).

Les limites de cet article réside dans le caractère descriptif et rétrospectif de l’étude, ne permettant pas de tirer des conclusions quant au choix des traitements mis en place. Toutefois cette étude a un nombre de patient élevé avec confirmation histologique permettant de décrire de façon clinique ces syndromes de polyneuropathie chez le chat. 

Les points à retenir de la description des syndromes de polyneuropathies idiopathiques inflammatoires chez le chat sont: 

  • Un examen neurologique et une anamnèse compatible avec une atteinte périphérique notamment faiblesse et tétraparésie flaccide avec réflexes médullaires diminués
  • Un pronostic de récupération favorable sur les premiers mois
  • Une récidive des signes possibles dans environ un tiers des cas, en moyenne en 3 mois
  • Une récupération plus probable chez le jeune chat et en cas d’apparition aiguë des signes cliniques
  • Des tests électrodiagnostiques fréquemment modifiés.

Une essai clinique prospectif ou une étude cas contrôle sont nécessaires pour investiguer le type de traitement approprié, notamment l’usage de glucocorticoïdes.

[1]  P. A. Cuddon, “Electrophysiology in neuromuscular disease,” Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract., vol. 32, no. 1, pp. 31–62, Jan. 2002, doi: 10.1016/s0195-5616(03)00079-2.

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Figure 1. Chat plantigrade souffrant de polyneuropathie.

Par Benoit Rannou, DipECVCP & ACVP, spécialiste en biologie médicale

Golinelli S, de Marco V, Leal RO, Barbarossa A, Aniballi C, Maietti E, et al. Comparison of methods to monitor dogs with hypercortisolism treated with trilostane. J Vet Intern Med. 2021 Nov; 35(6):2616–27.

 

L’hypercorticisme est une endocrinopathie courante chez le chien qui est le plus généralement traitée médicalement avec du trilostane. Le contrôle de traitement de chiens recevant du trilostane est habituellement réalisé par un test de stimulation à l’ACTH. Ce test n’a cependant jamais été validé pour ce suivi et ses résultats dépendent du délai entre l’administration du trilostane et l’injection d’ACTH. Par ailleurs, des études récentes ont mis en évidence un manque de corrélation entre la concentration en cortisol post-ACTH et les signes cliniques présentés par l’animal.

L’étude de Golinelli et al publiée en 2021 visait à évaluer et comparer 12 méthodes ou variables biologiques pouvant permettre de suivre biologiquement des chiens traités au trilostane : la cortisolémie avant la prise de trilostane, la cortisolémie en pré-ACTH, la cortisolémie post-ACTH, la concentration en ACTH endogène, le rapport cortisolémie avant trilostane/concentration en ACTH endogène, concentration en haptoglobine, les activités en ALAT, PAL, et GGT, la densité urinaire, et le rapport cortisol/créatinine urinaire (RCCU).
Quarante-cinq chiens diagnostiqués avec un hypercorticisme et traités par l’administration de trilostane deux fois par jour avec une dose stable depuis au moins trois semaines ont été recrutés dans trois centres cliniques. Le suivi clinique de ces chiens consistait en un questionnaire (9 questions au total) rempli par le propriétaire avec l’aide d’un vétérinaire participant à l’étude ; ce questionnaire permettait d’établir un score et de classer les chiens dans une des trois catégories suivantes : bon contrôle, contrôle insuffisant, et malade (les 5 chiens classés dans cette catégorie ont été exclus de l’étude statistique).
Le suivi biologique consistait en une mesure de la densité urinaire et de RCCU sur de l’urine collectée par le propriétaire 24 h avant le jour du contrôle et le matin du contrôle ainsi qu’une mesure de l’ACTH, l’haptoglobine, des ALAT, des PAL, des GGT avant la prise de trilostane et d’un test de stimulation à l’ACTH effectué 3 heures après la prise de trilostane avec une mesure du cortisol en pré- et post-ACTH.

Quatre-vingt-dix-neuf suivis ont été effectués sur les 45 chiens inclus dans l’étude. Toutes les variables biologiques à l’exception de la concentration en ACTH et le rapport cortisol/ACTH étaient associées au score clinique.
La concentration en haptoglobine, la densité urinaire et le RCCU le jour du contrôle, ainsi que la cortisolémie au moment de l’admission étaient par ailleurs significativement associées à un contrôle insuffisant.
En incluant uniquement le premier contrôle après la mise en place du traitement, les activités en ALAT et GGT et la concentration en haptoglobine étaient significativement plus élevées chez les chiens présentant un contrôle insuffisant. Une analyse ROC effectuée sur ces paramètres a démontré qu’une concentration en haptoglobine supérieure à 151 mg/dL, pour cette étude, permettait de correctement identifier 92 % des chiens bien contrôlés (spécificité) et 64 % des chiens présentant un contrôle insuffisant (sensibilité). En utilisant une activité seuil de 86U/L et 6 U/L pour les ALAT et les GGT respectivement, on obtenait une sensibilité de 83 % et une spécificité de 71 % et 68 % respectivement.
Il faut enfin noter que la cortisolémie post-ACTH n’était pas associée au statut de l’animal (bon contrôle/contrôle insuffisant). Par ailleurs, un chien présentait une concentration en cortisol post-ACTH inférieur à 40 nmol/L et était classé dans le groupe des chiens avec un contrôle insuffisant.

Les auteurs de cette étude concluent que l’haptoglobine et, dans une moindre mesure, les activités en ALAT et GGT, pourraient constituer des outils supplémentaires dans le suivi biologique des chiens présentant un hypercorticisme traité au trilostane.
L’intérêt de l’haptoglobine reste néanmoins à prouver, mais une étude a montré que sa concentration augmentait suite à l’administration de glucocorticoïdes.

 

 

Graphique  1 : Boites à moustache montrant la différence de distribution des concentrations en haptoglobine chez les chiens présentant un bon contrôle clinique (vert) et ceux présentant un contrôle insuffisant (rouge) lors du premier suivi après mise en place du traitement.

 

 

Graphique  2 : Boites à moustache montrant la différence de distribution des activités en ALAT chez les chiens présentant un bon contrôle clinique (vert) et ceux présentant un contrôle insuffisant (rouge) lors du premier suivi après mise en place du traitement.

 

Par Benoit Rannou, DipECVCP & ACVP, spécialiste en biologie médicale

Gilbert SE, Cardy TJ, Bertram S, Taylor-Brown F. Diagnostic utility of cerebrospinal fluid analysis in dogs with suspected idiopathic epilepsy. Aust Vet J. 2021 Jan;99(1-2):1–5.

L’épilepsie essentielle est la cause la plus commune de crise convulsive chez le chien. Le consensus de l’IVETF (International Veterinary Epilepsy Task Force) a établi plusieurs critères pour le diagnostic de l’épilepsie essentielle répartis sur un système à trois niveaux de confidence. Le premier niveau est essentiellement clinique (chien âgé entre 6 mois et 6 ans avec deux ou plus épisodes de convulsions espacées au moins de 24 heures, sans anomalies cliniques entres les épisodes de convulsion, et sans anomalies biologiques (hématologiques, biochimiques et urinaires)  notables ; le second niveau inclut les critères du premier niveau ainsi qu’une concentration en acides biliaires (pré- et post-prandiaux) normale, une IRM cérébrale non remarquable ainsi qu’une analyse du liquide cérébrospinal ne démontrant pas d’anomalies. Le niveau 3 ajoute la mise en évidence d’anomalies à l’encéphalogramme en périodes ictales ou inter-ictales.

L’étude de Gilbert et al publiée en 2020 visait à évaluer quelle était la proportion de chiens suspects d’épilepsie essentielle qui présentaient une altération cytologique du liquide cérébrospinal.

Les chiens inclus dans cette étude étaient des chiens âgés entre 6 mois et 6 ans ayant été présentés dans deux cliniques (une australienne et une britannique) répondant aux critères de premier niveau établi par le consensus de l’IVETF pour lesquels une IRM cérébrale ne révélait pas d’anomalies et chez qui une analyse du liquide cérébrospinal avait été réalisée.

Sur les 82 chiens inclus, neuf (10,9 %) présentaient un liquide cérébrospinal cytologiquement anormal : 5 présentaient une dissociation albumino-cytologique (protéinorachie supérieure à l’intervalle de référence associée à un comptage cellulaire dans l’intervalle de référence), 3 présentaient une légère pléocytose granulomateuse, et 1 présentait une pléocytose granulomateuse et une protéinorachie élevée.

Le temps entre la dernière crise convulsive et la collecte de liquide érébrosplnal n’apparaissait pas être corrélé à la détection ou non d’une anomalie du liquide cérébrospinal. La détection d’anomalies n’était pas non plus associée à un type particulier de crise convulsive.

Pour sept des neuf chiens avec un liquide cérébrospinal anormal, une recherche Neospora caninum et Toxoplasma gondii a été effectuée par sérologie et/ou PCR et s’est avérée négative pour les sept chiens.

Les neuf chiens ont été traités classiquement comme des chiens présentant une épilepsie idiopathique et n’ont présenté aucun symptôme neurologique entre les crises. À la soumission du manuscrit, 5 chiens sur neuf étaient encore en vie (55,5 %) et 4 (44,5 %) étaient morts ce qui correspond aux proportions précédemment observées dans une population de chiens diagnostiqués avec une épilepsie essentielle. Parmi les 4 chiens morts, deux ont été euthanasiés en raison d’une crise de convulsives répétitives, un  est mort d’une probable mort subite inattendue lors d’épilepsie, et un a été euthanasié pour une raison indépendante de son épilepsie essentielle.

Cette étude montre que chez les chiens présentant une épilepsie essentielle, les anomalies du liquide cérébrospinal sont rarement observées et que ces dernières ne semblent pas associées à un pronostic négatif. L’examen cytologique du liquide cérébrospinal  reste intéressant lors de l’investigation des causes de crises convulsives.

Gilbert SE, Cardy TJ, Bertram S, Taylor-Brown F. Diagnostic utility of cerebrospinal fluid analysis in dogs with suspected idiopathic epilepsy. Aust Vet J. 2021 Jan;99(1-2):1–5.

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Photo 1 : Leucocytes (GB) et hématies (GR) observées lors d’un comptage à la cellule de Malassez

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Photo 2 : Deux granulocytes neutrophiles et une grande cellule mononucléée. Liquide cérébrospinal. Chien. MGG x100

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