Cytologie de mélanome

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Marco ZINGARIELLO, DVM, Res ACVP, et Benoit RANNOU, DipACVP&ECVCP, spécialiste en biologie médicale.

Image de mélanome oral (Coloration MGG, objectif x50).

À noter la présence de granules de mélanine (granules noirâtres) dans le cytoplasme de certaines cellules et libres sur le fond (conséquence de lyse cellulaire). Les cellules montrent une anisocytose et une anisocaryose marquées (avec présence de cellules géantes multinucléées), des atypies nucléaires importantes (présence de nucléoles proéminents de taille et forme variable, inclus des macro-nucléoles). Ces atypies témoignent du caractère malin de la tumeur.


Le mélanome est considéré comme la tumeur maligne buccale la plus fréquente chez le chien. Cette tumeur est généralement très agressive sur le plan local, avec envahissement des os (57 % des cas), métastases aux nœuds lymphatiques régionaux (30,3 % à 74 % des cas), et aux poumons et d’autres organes éloignés dans (14 % à 92 % des cas) (1).

L’examen cytologique est un outil de diagnostic peu invasif, utilisé quotidiennement (et souvent en première intention) en médecine des animaux de compagnie pour le diagnostic du mélanome oral (2).


Le mélanome malin peut être subdivisé en trois modèles sur la base de la forme des cellules :

- Epithélioïde : cellules rondes à polygonales

- À cellules fusiformes : cellules similaires à des fibroblastes

- Forme mixte : cellules rondes/polygonales ou fusiformes

Le mélanome malin peut être de type hautement mélanotique ou hautement anaplasique achromique (1). La différence principale entre les deux variantes repose sur la présence ou sur l’absence (respectivement) des granules de mélanine dans le cytoplasme. La performance diagnostic de l’analyse cytologique est supérieure dans la première variante (mélanotique) en raison de la présence de granules cytoplasmiques de mélanine facilement identifiables et spécifiques des mélanocytes.

Le diagnostic cytologique préliminaire est basé sur la morphologie cellulaire et nucléaire : la présence, la taille et la distribution des nucléoles et la présence de granules cytoplasmiques, de vacuoles, la production de matrice extracellulaire, la kératinisation et d’autres critères microscopiques largement acceptés (3). Le mélanome achromique a un indice mitotique plus élevé que le mélanome mélanotique (1).

Une étude portant sur 18 chiens présentant un mélanome oral a mis en évidence une sensibilité de 66,7 % (IC 95 % 46,7-82,0 %) et une spécificité de 85,7 % (IC 95 % 60,1-96,0 %) dans le diagnostic du mélanome achromique (3). En combinant, l’examen cytologique avec de l’immunocytochimie (Melan A, Cytokératine et Vimentin), la spécificité et la sensibilité était de 100 %.

En conclusion, l’analyse cytologique apparaît être un outil diagnostique de première ligne, peu invasif, rapide, qui ne nécessite pas forcément d’anesthésie (2), et qui présente une bonne sensibilité et spécificité diagnostiques (3).

1. Tomoko Nishiya et al ; Comparative Aspects of Canine Melanoma; Veterinary sciences 2016

2. Bonfanti U, Bertazzolo W, Gracis M, Roccabianca P, Romanelli G, Palermo G, et al. 205 (2) : 322-7. The Veterinary Journal. Aug 2015.

3. Przezdziecki et al. ; Accuracy of routine cytology and immunocytochemistry in preoperative diagnosis of oral amelanotic melanomas in dogs; Veterinary Clinical Pathology ISSN 0275–6382