Les striations médullaires rénales à l'échographie chez le chat

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Par Laurent COUTURIER, DipECVDI, spécialiste en imagerie médicale

Bentley et al. The ultrasonographic appearance of renal medullary striations and their associationwith renal disease and renal histopathology in domestic cats. Vet Radiol Ultrasound, 2023.

L'objet de cette étude rétrospective est de définir la prévalence et la corrélation histopathologique des striations médullaires visibles occasionnellement à l'échographie rénale chez le chat dans une population félline. 


La médulla rénale qui entoure le bassinet présente un aspect anéchogène à hypoéchogène comparée au cortex, et est divisée en lobules séparés par des lignes hyperéchogènes représentant les bords des artères / veines interlobaires ainsi que les diverticules du bassinet. Des variations dans l'apparence de la médulla externe ont aussi décrites chez le chat avec le "medullary rim sign" qui correspond à une zone hyperéchogène dans la médulla pouvant être fine (ligne bien délimitée) ou plus large (bande mal délimitée) (Cordella et al. J of Veterinary Internal Med 2020 34(5)). Cette étude montre que le signe de la "bande médullaire" était souvent présent dans la population de chats présentant une maladie rénale chronique à l'inverse du signe de la "ligne médullaire", présent à la fois dans les populations saines et malades. A l'opposé, une bande hypoéchogène a été décrite ("halo sign") dans la médulla d'animaux lors d'intoxcation à l'éthylène glycol. Les striatuions médullaires décrites dans cet article correspondent à de fines stries perpendiculaires à la jonction cortico-médullaire, qui traversent la médulla uniquement, sans traverser le cortex. Une étude histologique a pu être menée chez trois chats du groupe présentant des striations médullaires et a révélé une probable corrélation entre les stries échographiques et des lignes de fibrose à l'histologie.

Sur une période de 10 ans, 27 chats (soit une prévalence de 2.2%) ont été identifiés avec des striations médullaires à l'échographie de leurs reins. Les résultats de l'étude montrent que : 


- les chats présentant des striations médullaires* ont un RPCU souvent plus élevé que les chats n'en présentant pas** (RPCU à 0.46* versus 0.16**)

- les chats mâles étaient surreprésentés.

- Plus de la moitié des chats présentent des striations bilatérales.

- l'urine des chats présentant des striations médullaires contenait davantage de sédiments urinaires actifs mais l'uroculture n'était pas plus significativement positive dans cette population en comparaison des chats sans striations.

Figure 1 : rein présentant des striation médullaires (flèches).

Les limites de cette étude sont une population faible de chats présentant des striations médullaires et le très faible nombre de cas ayant pu faire l'objet d'un examen histopathologique (3 chats).