Comparaison de différentes variables biologiques dans le suivi de chiens présentant un hypercorticisme traité au trilostane.

Partager ce poste

Par Benoit Rannou, DipECVCP & ACVP, spécialiste en biologie médicale

Golinelli S, de Marco V, Leal RO, Barbarossa A, Aniballi C, Maietti E, et al. Comparison of methods to monitor dogs with hypercortisolism treated with trilostane. J Vet Intern Med. 2021 Nov; 35(6):2616–27.

L’hypercorticisme est une endocrinopathie courante chez le chien qui est le plus généralement traitée médicalement avec du trilostane. Le contrôle de traitement de chiens recevant du trilostane est habituellement réalisé par un test de stimulation à l’ACTH. Ce test n’a cependant jamais été validé pour ce suivi et ses résultats dépendent du délai entre l’administration du trilostane et l’injection d’ACTH. Par ailleurs, des études récentes ont mis en évidence un manque de corrélation entre la concentration en cortisol post-ACTH et les signes cliniques présentés par l’animal.


L’étude de Golinelli et al publiée en 2021 visait à évaluer et comparer 12 méthodes ou variables biologiques pouvant permettre de suivre biologiquement des chiens traités au trilostane : la cortisolémie avant la prise de trilostane, la cortisolémie en pré-ACTH, la cortisolémie post-ACTH, la concentration en ACTH endogène, le rapport cortisolémie avant trilostane/concentration en ACTH endogène, concentration en haptoglobine, les activités en ALAT, PAL, et GGT, la densité urinaire, et le rapport cortisol/créatinine urinaire (RCCU).

Quarante-cinq chiens diagnostiqués avec un hypercorticisme et traités par l’administration de trilostane deux fois par jour avec une dose stable depuis au moins trois semaines ont été recrutés dans trois centres cliniques. Le suivi clinique de ces chiens consistait en un questionnaire (9 questions au total) rempli par le propriétaire avec l’aide d’un vétérinaire participant à l’étude ; ce questionnaire permettait d’établir un score et de classer les chiens dans une des trois catégories suivantes : bon contrôle, contrôle insuffisant, et malade (les 5 chiens classés dans cette catégorie ont été exclus de l’étude statistique).

Le suivi biologique consistait en une mesure de la densité urinaire et de RCCU sur de l’urine collectée par le propriétaire 24 h avant le jour du contrôle et le matin du contrôle ainsi qu’une mesure de l’ACTH, l’haptoglobine, des ALAT, des PAL, des GGT avant la prise de trilostane et d’un test de stimulation à l’ACTH effectué 3 heures après la prise de trilostane avec une mesure du cortisol en pré- et post-ACTH.

Quatre-vingt-dix-neuf suivis ont été effectués sur les 45 chiens inclus dans l’étude. Toutes les variables biologiques à l’exception de la concentration en ACTH et le rapport cortisol/ACTH étaient associées au score clinique.

La concentration en haptoglobine, la densité urinaire et le RCCU le jour du contrôle, ainsi que la cortisolémie au moment de l’admission étaient par ailleurs significativement associées à un contrôle insuffisant.

En incluant uniquement le premier contrôle après la mise en place du traitement, les activités en ALAT et GGT et la concentration en haptoglobine étaient significativement plus élevées chez les chiens présentant un contrôle insuffisant. Une analyse ROC effectuée sur ces paramètres a démontré qu’une concentration en haptoglobine supérieure à 151 mg/dL, pour cette étude, permettait de correctement identifier 92 % des chiens bien contrôlés (spécificité) et 64 % des chiens présentant un contrôle insuffisant (sensibilité). En utilisant une activité seuil de 86U/L et 6 U/L pour les ALAT et les GGT respectivement, on obtenait une sensibilité de 83 % et une spécificité de 71 % et 68 % respectivement.

Il faut enfin noter que la cortisolémie post-ACTH n’était pas associée au statut de l’animal (bon contrôle/contrôle insuffisant). Par ailleurs, un chien présentait une concentration en cortisol post-ACTH inférieur à 40 nmol/L et était classé dans le groupe des chiens avec un contrôle insuffisant.


Les auteurs de cette étude concluent que l’haptoglobine et, dans une moindre mesure, les activités en ALAT et GGT, pourraient constituer des outils supplémentaires dans le suivi biologique des chiens présentant un hypercorticisme traité au trilostane.

L’intérêt de l’haptoglobine reste néanmoins à prouver, mais une étude a montré que sa concentration augmentait suite à l’administration de glucocorticoïdes.

Graphique  1 : Boites à moustache montrant la différence de distribution des concentrations en haptoglobine chez les chiens présentant un bon contrôle clinique (vert) et ceux présentant un contrôle insuffisant (rouge) lors du premier suivi après mise en place du traitement.

Graphique  2 : Boites à moustache montrant la différence de distribution des activités en ALAT chez les chiens présentant un bon contrôle clinique (vert) et ceux présentant un contrôle insuffisant (rouge) lors du premier suivi après mise en place du traitement.