Quizz du mois : reconnaître les types d'opacification pulmonaire

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Par Florian Azoulay, ResECVDI

Quelles sont les opacités anormales visibles sur ces radiographies (profil latéral droit et VD) ?

1 - Opacité bronchique.

2 - Opacité interstitielle et bronchique.

3 - Opacité bronchique et alvéolaire.

 

Si vous avez coché le choix 3, c'est la bonne réponse 😁

La méthode d’interprétation des anomalies du parenchyme pulmonaire traditionnellement utilisée est l’utilisation des pattern alvéolaires, interstitiels (structuré et non structuré) et bronchique. Il existe des variations de l’organisation de ces patterns ou de leur description en raison des imperfections de cette méthode. L’utilisation de ce pattern est plus claire si l’on garde bien à l’esprit que cette méthode est un outil qui a pour but de participer à l’élaboration d’un diagnostic différentiel organisé. La distribution des opacités anormales participe à valeur égale à ce raisonnement.


Sur ces radiographies on note opacification alvéolaire caudodorsale multifocale et bilatérale, à l’origine d’une perte complète de la visualisation des vaisseaux superposés. On note aussi une opacification bronchique généralisée avec augmentation de l’épaisseur visible des bronches en coupe transverse et longitudinale pouvant représenter un épaississement vrai des parois bronchiques ou un épaississement des tissus péribronchiques (vasculaires et lymphatiques notamment).


La combinaison de ces deux opacités associées à cette distribution particulière, caudodorsale, permet de favoriser une hypothèse parasitaire (Angiostrongylose) en priorité dans notre diagnostic différentiel. Les autres hypothèses considérées de manière moins probable seront les coagulopathies, les thromboembolies et les infections pulmonaires hématogènes.

Opacité alvéolaire :

L’opacité alvéolaire radiographique correspond à une opacité tissulaire homogène. Elle peut correspondre au collapsus des alvéolaires pulmonaires (lors d’atélectasie) ou au comblement marqué des alvéoles pulmonaires par un liquide (sang, œdème, pus, liquide iatrogénique d’aspiration) ou du tissu. Elle peut aussi correspondre à une prolifération tissulaire dense (nodule ou masse), qui peut provenir du tissus alvéolaire ou interstitiel.

Les signes de l’opacité alvéolaire incluent : une opacité tissulaire, des bronchogrammes, le signe lobaire (opacité alvéolaire épousant la forme d’un lobe pulmonaire), la perte de la distinction des structures tissulaires superposées (signe de la silhouette) incluant les organes et les vaisseaux pulmonaires. Au scanner, on utilisera le terme de consolidation pulmonaire.

Figure 1 et 2 : opacification alvéolaire du lobe crânial gauche en radiographie à gauche (opacification alvéolaire lobaire avec bronchogramme et signe lobaire caudalement) et en tomodensitométrie à droite (consolidation alvéolaire lobaire du lobe moyen droit).​

Opacité bronchique :

L’opacité bronchique radiographique correspond à un épaississement de l’opacité circulaire ou tubulaire des structures bronchiques (donuts et rails de chemin de fer) secondaire à un épaississement bronchique vrai ou un épaississement des structures interstitielles, lymphatiques ou vasculaires péribronchiques. Elles peuvent être accompagnées d’autres signes de maladie bronchique comme le comblement des bronches par du matériel tissulaire ou des bronchectasies.


Elles sont le plus souvent rencontrés lors de maladie des voies aériennes (bronchite) mais peuvent aussi être rencontrées lors d’insuffisance cardiaque congestive (notamment chez le chat ou dans les myocardiopathies dilatées du chien).

Figure 3 et 4 : opacification bronchique marqué en radiographie à gauche et en tomodensitométrie à droite.

Opacité interstitielle (non structurée) :

L’opacité interstitielle radiographie est la plus compliquée à reconnaitre et à caractériser. Elle correspond à une augmentation diffuse de l’opacité pulmonaire radiographique, la perte de la visibilité des structures tissulaires et vasculaires est partielle. Contrairement à leur dénomination, elles peuvent traduire une maladie des alvéoles pulmonaires débutantes ou une maladie de l’interstitium pulmonaire. La distribution de ces lésions, leur forme et les opacités associées permettent d’ordonner sa suspicion clinique (entre une maladie alvéolaire, bronchique ou interstitielle). Par exemple, les maladies primaires de l’interstitium sont associées à des épaississements sous-pleuraux, des bandes parenchymateuses et des pattern réticulaires ou en nid-d’abeilles. Le scanner est particulièrement indiqué dans l’exploration des maladies pulmonaires interstitielles.

Figure 5 et 6 : opacification interstitielle caudodorsale en radiographie à gauche et plage interstitielle ventrale en tomodensitométrie à droite.

Florian Azoulay, DVM, IPSAV, Résident 2ème année en imagerie diagnostique vétérinaire (ECVDI)